Pourquoi j’étais en grève le   29.01.09 et pourquoi je le serai le 10.02.09


La véritable plus- value des abeilles réside –t-elle dans le miel produit ou dans la lente pollinisation invisible qui nourrit la terre entière ?

 

Questions
Concernant le recrutement des enseignants et /ou chercheurs à l’Université et des rapports d’activités: si Einstein avait dû être recruté par un comité de Sélection, des personnalités extérieures et/ou un directeur d’EPSCP (Etablissement Public à caractère Scientifique, Culturel et Professionnel), quelle probabilité aurait-il eu d’être recruté, non seulement au vu des controverses soulevées par ses premiers travaux au sein de la communauté scientifique de l’époque, mais aussi compte tenu du principe de la réfutabilité de Karl Popper? Quel « résultat scientifique » aurait-il eu à présenter ?

Concernant la culture du résultat et son versus salarial sous forme de prime : si nos technocrates se mettaient à calculer le temps moyen qui se situe entre un prix Nobel et le début des recherches dans les domaines concernés, quel serait le montant des primes allouées pour des « résultats » correspondant au temps moyen trouvé ?

Concernant le principe de collégialité et le rôle accru des présidents et commission de sélection : si Kafka avait écrit « le Procès LRU » (Loi relative aux libertés et responsabilités des universités), les  coupables ne seraient-ils pas enseignants et/ou chercheurs, et de surcroît fonctionnaires, le Président du tribunal ne serait-il pas les Directeurs et la partie civile les personnalités extérieures ?

Conclusions
Lorsqu’ un Etat de droit se met à identifier moralement (l’oisif du XVIII, l’inefficace du XXI)  un mal (la « médiocrité » de l’enseignement et de la recherche)  et  ses coupables (les fonctionnaires) et promeut, tel un institut financier allouant un crédit selon une spéculation sur la création de plus-value future, et promeut donc une culture du résultat comptable (rapport d’activité,  « évaluation », « performance »), il prend le risque, me semble-t-il, tout d’abord de confondre la nature du problème avec le symptôme : des fonctionnaires sont ils « inefficaces » parce que fonctionnaires, ou bien l’efficacité n’est - elle pas plutôt non pertinente pour juger des formes et des contenus des activités intellectuelles et relationnelles des enseignants et chercheurs  ? Ou plus simplement la plus value des abeilles réside –t-elle dans le miel produit ou dans la pollinisation invisible dont dépend l’agriculture mondiale? Qui des chercheurs et enseignants ou des financements privés minimes associés à un centralisme d’Etat est responsable de cette soi-disant « non performance » Mais qui veut tuer son chien l’accuse de la rage...

De plus, force est de constater que, ce faisant, l’Etat  se désengage de sa fonction de protection des conditions de possibilités d’existence du citoyen libre, responsable envers autrui comme alter ego et qui agit « sans contrainte » avec celle régalienne de sécurité / surveillance garant de la propriété et de l’exploitation de biens privés afférentes à l’Economie. L’Etat devient aux travers de ses dernières lois un acteur privé allouant des crédits rares en fonction d’une spéculation sur des profits futurs.  Il est vrai que nous sommes tous des ressources humaines. Mais y aura-il après l’application des décrets possibilité de constitution de réserves ? Et quid de la pollinisation dans un contexte de méfiance et de dépendance ?

Le décret relève pour ma part plus de l’énonciation d’un problème sociétal que du moyen de sa résolution. Elle promeut l’instinct grégaire (recrutement des conformistes) et concurrentiel (prime) -le seul comportement rationnel dans un contexte d’incertitude paraît-il- un comportement connu du monde financier et qui, malgré de nombreuses agences de « notation », a eu le « résultat » que l’on sait. Lorsque la rationalité instrumentale n’est plus raisonnable, doit-elle encore fixer les buts d’une société et les moyens pour y parvenir, si tant est, bien entendu, qu’un tel projet soit raisonnable?


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